Les travaux de la convention
Suivre le déroulé de la Convention Citoyenne pour le Climat d'Est Ensemble
Missions Publiques : accompagner le dialogue démocratique et dessiner un avenir souhaitable pour tous.
Ça y est, la Convention citoyenne locale pour le climat d’Est Ensemble a débuté ! Une démarche dans laquelle Est Ensemble est accompagné par Missions Publiques, agence spécialisée dans la concertation citoyenne. Erwan Dagorne, directeur de projets participatifs, nous parle de Missions Publiques et nous livre les leviers qui permettront de faire de cette Convention une réussite.
Si vous deviez donner trois informations clés pour vous présenter ?
Je travaille depuis 14 ans dans le domaine de la participation citoyenne et depuis 7 ans à Missions Publiques, une agence fondée en 1998.
Pour me présenter ou plutôt présenter Missions Publiques, je dirais : une vision anticipatrice car si la participation citoyenne est une démarche qui est de plus en plus reconnue – notamment depuis la médiatisation de la Convention citoyenne pour le climat – cela n’a pas toujours été le cas et certainement pas il y a plus de 20 ans. Autrement dit, c’est facile d’expliquer à des inconnus aujourd’hui en quelques secondes mon métier, mais c’est nouveau pour moi !
Une deuxième spécificité de mon métier à Missions Publiques, c’est de travailler avec toutes les échelles de territoire. Cet aspect est extrêmement motivant car nous pouvons aussi bien organiser :
- un dialogue sur l’espace dans 22 pays pour l’Agence spatiale européenne,
- un débat sur l’aménagement d’un centre-ville piéton dans une petite commune avec quelques dizaines d’habitants.
Enfin, et c’est sans doute le plus grand challenge de mon métier, je suis particulièrement attaché à ce que la voix des citoyennes et des citoyens soit intégrée dans les décisions.
Quel est votre rôle durant la Convention citoyenne locale pour le climat d’Est Ensemble ?
Accompagner les membres de la Convention, c'est-à-dire proposer un cadre et des méthodes pour faciliter l’expression de toutes et tous. Pour résumer, notre rôle est que chaque participant se sente suffisamment bien pour exprimer son opinion et l’argumenter. C’est aussi ce cadre, que nous avons co-construit avec Est Ensemble, qui permet de travailler sereinement des désaccords et de construire collectivement une position commune.
Comment avez-vous préparé cette Convention ?
Il n’y a pas de méthode toute faite. Nous n’appliquons pas un processus élaboré d’en haut ou en chambre sans prendre en compte les réalités très spécifiques du territoire sur lequel nous nous trouvons.
En l’occurrence, et c’était le souhait d’Est Ensemble : prendre en compte la diversité des habitants qui composent cette jeune collectivité et ne pas calquer une démarche mais l’ancrer dans un territoire dense où les enjeux climatiques ne peuvent être décorrélés de ceux de justice sociale. C’est pourquoi nous partons de la réalité du vécu et du quotidien des personnes.
Les enjeux climatiques sont aujourd’hui connus, c’est une préoccupation croissante, omniprésente pour de plus en plus de personnes. Il y a peu de plus-value à assommer les gens avec des interventions descendantes d’experts.
Notre “méthode” si on devait la qualifier ainsi, c’est :
- d’abord de valoriser les connaissances présentes dans le groupe. Pour autant, il ne s’agit pas de travailler à huis clos. Une Convention au fil des travaux se met en dialogue avec son territoire.
- d'affiner leurs connaissances des participants avec des experts à partir des questions qu’ils se posent. C’est ce qu’on appelle dans le jargon “l’expertise inversée”.
- de laisser une place importante aux explorations de territoire puisque les citoyens vont être amenés à découvrir les actions des acteurs déjà engagés sur le sujet dans les 9 villes du territoire.
Quelles sont vos expériences en matière de concertation citoyenne ? Que vous ont-elles apporté ?
Avec mes collègues, nous vivons ces aventures démocratiques au quotidien. J’ai récemment travaillé sur la Convention citoyenne de Nantes métropole, l’animation de groupes citoyens dans le cadre de travaux du Conseil économique social et environnemental ou encore accompagné la Convention citoyenne pour le climat. Toutes ces expériences démontrent l’appétit pour le dialogue.
Des médias renvoient parfois l’image d’une société clivée. Au contraire, nous voyons une appétence à se rencontrer, à dialoguer et à trouver comment surmonter des différences et des désaccords pour construire l’avenir ensemble. Si des vécus s’opposent, des idées se confrontent - et c’est heureux - il y a surtout beaucoup d’aspirations de changement communes. A titre personnel, je dirais que je suis toujours étonné de l’envie des gens de débattre, de comprendre les sujets de fond pour peu qu’on leur en donne la possibilité.
Jess Grinneiser©️
Qu'est-ce qu'un territoire comme Est Ensemble peut attendre d'une Convention citoyenne locale pour le climat ? Quel est selon vous l'intérêt d’une CCLC sur le territoire d’Est Ensemble ?
Est Ensemble est une jeune collectivité. Elle a engagé plusieurs actions pour construire un Grand Paris durable. La Convention citoyenne locale pour le climat doit donc contribuer à cette trajectoire. Et qu’elle fasse levier auprès des autres habitants, comme un effet d’entraînement. Autre intérêt : qu’Est Ensemble deviennent une réalité plus palpable pour les habitants des 9 communes.
Nous connaissons l’urgence d’apporter des réponses pour préserver notre planète. Pour être au niveau de ces enjeux, nous devons porter un regard à 360 degrés et donc élargir au-delà des décideurs habituels. Toutes les réponses ne pourront venir d’une Convention, mais la plus-value de ce type d’exercice est indéniable.
Selon vous, pour la réussite d’une Convention citoyenne, quels sont les éléments indispensables et quel écueil éviter ?
Premiers éléments indispensables :
- un engagement politique avec une commande claire pour cadrer le travail des membres de la Convention,
- un retour vers les participants pour partager comment leurs propositions sont prises en compte.
- la construction d’un cadre et d’une dynamique bienveillante pour que tout le monde puisse s’exprimer et contribuer à la production collective
Le principal écueil est peut-être d’aller trop vite vers des propositions. Avant de définir les actions à mener aujourd’hui, cet exercice permet de construire un regard collectif sur un territoire et de définir ensemble l’avenir auquel ils aspirent. Pour que ce travail décrive bien les nuances, la diversité des quotidiens, et la multiplicité des trajectoires dans un futur désiré, les participants ont besoin de temps.
D’une certaine manière, une fois qu’un collectif est au clair sur ce à quoi il aspire, et sur les choses à changer absolument, le reste (faire des propositions d’actions) est facile – ou du moins plus que l’on ne l’imagine.
Si vous aviez un rêve, un espoir avec cette convention ?
Sincèrement, un tel exercice est un rêve pour un praticien de la participation. C’est une très bonne échelle de territoire pour réfléchir à des changements à une échelle humaine tout en élargissant au-delà de notre territoire de vie immédiat. Un cadre de travail rare avec un grand groupe, qui porte une grande diversité de regards, et un temps de travail conséquent pour aller au bout des discussions.
Mon espoir pour la participation citoyenne, c’est que ces exercices continuent à se développer. En vivant ces exercices, nous voyons à quel point ils sont vertueux :
- Vertueux parce qu’ils soulignent à quel point et dans quelles conditions nous avons un appétit à changer collectivement pour prendre en compte les enjeux climatiques.
- Par l’impact que cet engagement a sur les participants mais aussi par ricochet sur un grand nombre de personnes autour d’eux.
- Enfin, parce cela impacte les décisions.
Les conventions n’inventent pas forcément de nouvelles choses, mais plutôt font une synthèse cohérente de ce qui est souhaitable pour toutes et tous, un portrait d’une société désirable qui prend en compte toute la diversité des habitants et donne des pistes pour la réaliser.
Enfin, nous observons à quel point ces productions aident les acteurs à dépasser leurs positions individuelles en s’appuyant sur la légitimité qu’ils reconnaissent à ces travaux. En bref, la multiplication de ces exercices démocratiques sincères contribuera à accélérer et accompagner ces changements.
Julien Crégut©️ Erwan DAGORNE, directeur de projets participatifs et concertation chez Missions Publiques.
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